Saisie administrative à tiers détenteur

La saisie administrative à tiers détenteur (SATD) est une procédure de recouvrement fiscale qui permet à l’administration de récupérer des dettes en s’adressant directement à des tiers, comme les banques. Ce mécanisme, souvent redouté par les contribuables, soulève des questions importantes : quels sont les droits de chacun dans cette procédure ? Quelles sommes sont saisissables ou protégées ?

À travers cet article, nous explorerons d’abord les étapes et conditions de déclenchement de la SATD, les effets de cette saisie sur vos biens et comptes bancaires, et enfin, les recours disponibles pour contester ou alléger la saisie.

A noter

Depuis le 1er janvier 2019, la saisie administrative à tiers détenteur (SATD) se substitue à l’ensemble des saisies simplifiées utilisées par les comptables publics.

Sommaire

Qu’est-ce que la saisie administrative à tiers détenteur (SATD) ?

La saisie administrative à tiers détenteur (SATD) est un outil de recouvrement puissant à la disposition de l’administration fiscale pour récupérer des dettes fiscales impayées. Elle permet de saisir directement auprès d'un tiers détenteur, comme une banque, les sommes dues par un contribuable défaillant.

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Définition et objectifs de la SATD

 La saisie administrative à tiers détenteur (SATD), instaurée par l’article L. 262 du Livre des procédures fiscales, est une procédure juridique permettant à l’administration fiscale de recouvrer des créances publiques en sollicitant directement des tiers détenant des fonds ou valeurs du débiteur.

Par exemple, une banque peut être requise de transférer une partie des avoirs d’un contribuable vers le Trésor public afin de rembourser une dette fiscale.

L’objectif principal de la SATD est d’assurer l’efficacité du recouvrement des créances publiques en évitant les retards de paiement. Ce type de saisie permet à l’administration de percevoir directement les montants dus, en réduisant les délais d’intervention et en renforçant la sécurité juridique de la procédure fiscale.

En effet, cette saisie impose un blocage immédiat des sommes saisissables jusqu’au montant de la dette, garantissant ainsi que le contribuable réponde de ses obligations fiscales. La SATD se distingue donc par sa rapidité et son efficacité, tout en permettant une forme de contrôle pour les fonds transférés au Trésor public.

Rôle du tiers détenteur et implications pour le contribuable

Dans une SATD, le tiers détenteur, généralement une banque ou un autre établissement financier, a un rôle essentiel : il est légalement tenu de bloquer et de transférer les fonds détenus au nom du contribuable débiteur.

Ce rôle impose des contraintes importantes aux banques, qui doivent vérifier le solde bancaire et appliquer la saisie sans possibilité de contestation. Pour le contribuable, cette saisie représente souvent une restriction drastique de l’accès à ses fonds, avec des effets directs sur ses finances. Seules les sommes nécessaires à la vie courante, comme le solde bancaire insaisissable (SBI), échappent à la saisie, offrant une certaine protection. Toutefois, si la SATD est mal appliquée ou injustifiée, le contribuable dispose de recours légaux, notamment pour contester la validité de la créance ou le montant bloqué.

Attention

Le tiers n’est pas appelé personnellement à régler la dette comme le serait une caution, mais il doit remettre à l’administration les fonds qu’il détient en qualité de dépositaire, débiteur, etc., pour le compte du débiteur, dans les 30 jours suivant la réception de la saisie.

À défaut, le tiers devra non seulement remettre les sommes réclamées à l’administration, mais devra aussi s’acquitter d’un intérêt de retard.

Effets de la saisie administrative à tiers détenteur

Lorsqu’une saisie administrative à tiers détenteur (SATD) est déclenchée, les effets sur les comptes bancaires et les biens du contribuable sont immédiats et souvent conséquents.

La SATD entraîne un blocage immédiat des fonds sur les comptes bancaires du contribuable, ordonné par l’administration fiscale au tiers détenteur. Ce blocage oblige le tiers détenteur à geler les sommes présentes sur le compte bancaire jusqu’à la limite du montant indiqué dans la saisie, empêchant ainsi tout transfert ou retrait par le contribuable.

Durant cette période, le contribuable voit ses transactions bancaires limitées et l’accès à ses comptes restreint, ce qui peut avoir un impact direct sur ses finances quotidiennes.

Bon à savoir

Certaines sommes sont intégralement saisissables par voie de SATD comme les loyers et les indemnités de licenciement.

D’autres sommes ne sont que partiellement saisissables comme les salaires, les indemnités journalières de maladie, de maternité, d’accident du travail, les allocations versées par France Travail, les pensions de retraite et d’invalidité.

La SATD doit respecter certaines limites afin de protéger les ressources vitales du contribuable, notamment grâce au solde bancaire insaisissable. Ce montant insaisissable est fixé à 635,71 € € en 2024.

Enfin, les frais qui seront mis à votre charge par la banque pour le traitement de la saisie ne peuvent pas dépasser 10 % du montant dû à l’administration, dans la limite d’un plafond de 100 € TTC.

Conditions et déclenchement de la SATD

Le déclenchement d’une saisie administrative à tiers détenteur (SATD) suit des règles strictes et vise à garantir que les droits de l’administration et du contribuable sont respectés.

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Quand l’administration fiscale peut-elle déclencher une SATD ?

La saisie administrative à tiers détenteur (SATD) peut être déclenchée par l’administration lorsqu’un contribuable présente des dettes impayées : paiement d’un impôt, d’une taxe, d’une amende ou de toute autre facture. Cette procédure est réservée aux situations où le recouvrement de la créance s’avère difficile ou incertain, notamment si le contribuable n’a pas répondu aux tentatives de recouvrement amiable.

Avant de mettre en œuvre la SATD, l’administration doit s’assurer que le montant de la créance est certain, liquide et exigible.

Cette procédure peut être utilisée pour le recouvrement de plusieurs créances, même si elles sont de natures différentes (fiscale et non fiscale).

Elle concerne aussi bien les droits que les pénalités.

La procédure de saisie

L’administration fiscale est tenue de notifier la SATD au tiers détenteur en précisant le montant exact à saisir. Simultanément, un avis est envoyé au contribuable, l’informant de la mise en œuvre de cette mesure de recouvrement forcé.

Lorsqu’elle est adressée à un établissement de crédit, la notification doit obligatoirement être réalisée par voie électronique.

Attention

Depuis le 1er janvier 2024, la dématérialisation est étendue au tiers détenteur tenu au dépôt d’une déclaration sociale nominative (DSN), donc aux employeurs.

Le montant à prélever (exigible) correspond au montant dû, dans la limite où le montant prélevé ne peut pas dépasser :

  • Le solde du compte saisi ;
  • Et le montant du solde bancaire insaisissable (635,71 €).

Les modalités de contestations d'une saisie administrative à tiers détenteur

Lorsqu’un contribuable estime que la SATD est infondée ou incorrecte, il peut engager des recours pour contester cette saisie. Ces recours sont essentiels pour que le contribuable puisse faire valoir ses droits et s’assurer que la SATD respecte les normes juridiques.

Le contribuable peut formuler une contestation concernant la régularité formelle d’un acte, le montant de la dette compte tenu des paiements effectués, l’obligation au paiement ou l’exigibilité de la dette.

Bon à savoir

La contestation ne suspend pas les poursuites et ne remet donc pas en cause la SATD, sauf à demander à bénéficier du sursis légal de paiement dans le cadre d’un contentieux d’assiette de l’impôt.

Le débiteur dispose d’un délai de deux mois à compter de sa notification pour contester la SATD. Pendant ce délai il est nécessaire de formuler une réclamation auprès de l’administration fiscale en détaillant les raisons de sa demande, accompagnée des documents justificatifs.

À défaut de réponse dans le délai de deux mois ou en cas de de rejet de cette première demande, vous avez deux mois pour saisir le tribunal compétent. Il s’agit :

  • Saisir le conciliateur fiscal départemental, dans le cas où votre dette serait de nature fiscale.
  • Saisir le juge de l’exécution, pour les cas de manquement dans la procédure de SATD.
  • Saisir le juge de l’impôt (tribunal administratif ou tribunal judiciaire), pour les autres cas.

Un avocat spécialisé en droit fiscal ou en droit bancaire sera le professionnel adéquat pour vous accompagner dans une telle procédure.

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