Peut-on vraiment faire une donation à ses enfants sans perdre une fortune en impôts ?
Après avoir lu cet article, vous connaîtrez sur le sujet de la donation enfant :
● Les avantages fiscaux des donations aux enfants : Découvrez comment maximiser les abattements fiscaux et réduire les taxations lors de donations.
● Les erreurs à éviter dans la rédaction de l’acte : Apprenez à éviter les pièges courants lors de la rédaction.
Une donation aux enfants représente un acte de générosité profondément enraciné dans le désir de les soutenir et de sécuriser leur avenir. Mais comment naviguer dans les complexités légales et optimiser les avantages fiscaux ? Cet article explore les stratégies pour maximiser les avantages des donations, tout en minimisant les impôts.
Nous aborderons les abattements fiscaux disponibles, la comparaison entre les différents types de donations et les moyens d’éviter les pièges communs. En mettant en lumière les considérations clés pour le donateur et le bénéficiaire, notre objectif est de vous guider pour réaliser une donation efficace et avantageuse, renforçant ainsi le patrimoine familial sans alourdir la charge fiscale.
Comprendre les bases juridiques d’un acte de donation
La donation, encadrée par le Code Civil français, prend différentes formes, allant des donations manuelles à celles de biens immobiliers, chacune avec ses spécificités légales et fiscales. À travers cette section, nous explorerons la définition et les types de donations, ainsi que leurs avantages fiscaux.
Définition et types de donations
Une donation se définit comme la transmission volontaire et sans contrepartie d’un bien ou d’une somme d’argent d’une personne à une autre. Une donation peut néanmoins contenir des charges. Les donations peuvent être faites en pleine propriété, en nue-propriété, ou sous la forme de donations-partages, chacune avec des implications fiscales et successorales spécifiques.
● Le don manuel, est comme son nom l’indique, le don de la main à la main. Il est souvent utilisé pour des biens de faible valeur, ce qui rend sa preuve plus difficile en cas de litige. Il peut être notamment utilisé pour des sommes d’argent de faible importance, ou pour des biens meubles au sens juridique du terme. Il existe néanmoins un cerfa permettant cette déclaration (11278*17) et assurant ainsi le respect de la réserve héréditaire en cas de liquidation civile.
● La donation simple est une forme de donation. Elle se distingue de la donation-partage en ce qu’elle peut être effectuée à une seule personne, ou à plusieurs en indivision. Lorsqu’elle est consentie dans le but de transmettre un patrimoine, elle est soumise au rapport civil, réévaluée au jour du partage (soit un partage du vivant du donateur, soit lors de la succession de ce dernier). Le but principal de la donation simple sera d’avantager un héritier puisqu’elle peut être faite hors part successorale.
● La donation-partage, dans sa forme pure, et non pas dans sa forme déviée par les pratiques notariales, comprend une donation de biens, sans indivision, et sans somme d’argent démembrée, à l’ensemble des présomptifs héritiers, de façon égalitaire. L’avantage principal de la donation-partage est que celle-ci n’est pas soumise au rapport civil, et que les biens seront évalués au jour de la donation, et non pas au jour du partage. C’est la forme suprême de la donation, et la plus avantageuse fiscalement. Elles peuvent également inclure la réintégration de donations simples antérieures, afin de figer les valeurs de celles-ci au jour de la donation-partage.
● La donation-partage transgénérationnelle : Une donation-partage peut être établie en faveur de descendants de différentes générations, incluant à la fois les enfants et les petits-enfants, et ce, de leur vivant même. La seule condition requise pour ces donations-partages, également connues sous le nom de « transgénérationnelles », est que les enfants consentent à ce que leurs propres descendants reçoivent des parts à leur place, que ce soit en totalité ou partiellement. Dans ce contexte, les donations-partages transgénérationnelles visent à permettre au donateur de gratifier ses petits-enfants comme s’ils étaient ses enfants.
● Le don Sarkozy (790 G CGI) est le résultat de mesures législatives visant à réformer la fiscalité des donations familiales. Il permet pour tout ascendant de moins de 80 ans au moment de la donation de transmettre, en pleine propriété, et sans s’imputer sur l’abattement classique des donations, la somme de 31 865 €, renouvelable tous les 15 ans par ascendant et par descendant.
Les avantages fiscaux de la donation
Les donations revêtent des avantages fiscaux pluraux, notamment grâce au démembrement de propriété, et aux divers abattements disponibles.
Utilisation du démembrement
Le démembrement de propriété divise les droits d’un bien immobilier entre un usufruitier, qui détient le droit d’en jouir, et un nu-propriétaire, qui possède le droit de disposer du bien. Le calcul se base sur la valeur du bien, l’âge de l’usufruitier et les taux légaux en vigueur pour déterminer la valeur respective de l’usufruit et de la nue-propriété.
Utilisation des donations-partages comme fixateur de valeurs exempte de réévaluation
Les donations-partages se distinguent par une évaluation des biens donnés fixée au jour de la donation. Elle requiert que tous les héritiers réservataires vivants ou représentés lors du décès de l’ascendant aient reçu et accepté un lot non indivis dans le partage anticipé, et qu’aucune réserve d’usufruit portant sur une somme d’argent n’ait été prévue.
Utilisation de l’abattement Sarkozy pour transmettre des liquidités
Les conditions d’utilisation sont les suivantes :
Le donateur doit être âgé de moins de 80 ans au moment de la transmission. Le bénéficiaire doit être majeur, c’est-à-dire avoir 18 ans ou plus à la date de la transmission, ou être émancipé.
Les dons doivent être effectués en pleine propriété :
● Aux descendants (enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants),
● À défaut de descendance, aux neveux et nièces,
En cas de décès des neveux et nièces, aux petits-neveux ou petites-nièces par représentation.
L’exonération est limitée à 31 865 € tous les quinze ans. Chaque enfant peut ainsi bénéficier d’une exonération jusqu’à 31 865 € de la part de chacun de ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents.
Bénéfice des abattements
Les enfants peuvent bénéficier d’abattements sur les droits de mutation à titre gratuit lorsqu’ils reçoivent des biens de leurs parents en ligne directe. Ces abattements s’élèvent à 100 000 euros par parent et par enfant, renouvelables tous les 15 ans.
Le rappel fiscal des donations antérieures de moins de 15 ans implique que les droits de succession ou de donation sont calculés en imputant sur le nouvel acte à l’abattement déjà utilisé. De même, la tranche d’imposition du dernier acte sera le point de départ du nouvel acte.
Stratégies pour optimiser les donations aux enfants
La planification stratégique des donations aux enfants est essentielle pour maximiser les bénéfices fiscaux tout en assurant une transition patrimoniale efficace et équitable. Cette section détaillera des conseils pour optimiser le contenu des donations.
Les modulations conventionnelles permettant la conservation du bien au sein de la famille
Certaines clauses ont été développées par la pratique notariale afin de conserver les biens au coeur de la famille, l’exclusion de communauté pour protéger les biens au sein du couple, le droit de retour conventionnel assurant la réversion des biens en cas de décès du donataire, et l’inaliénabilité pour interdire la cession des biens reçus.
Clause d’exclusion de communauté/pacs
Les clauses d’exclusion de communauté dans une donation permettent de préciser que les biens donnés n’entreront pas dans la communauté des biens du couple bénéficiaire, restant ainsi la propriété exclusive du donataire. Elles visent à protéger les biens transmis en cas de divorce ou de succession, en les excluant du partage commun en cas de recours à une communauté universelle ou d’un apport en communauté. Le même type de clause existe pour empêcher la mise en garantie du bien.
Clause de droit de retour conventionnel
Le droit de retour conventionnel est une clause prévue par un acte de donation, permettant au donateur de récupérer les biens donnés en cas de décès du donataire avant lui. Ce mécanisme vise à assurer que les biens donnés reviennent à l’origine en cas de disparition du bénéficiaire sans descendance.
Clause d’inaliénabilité
C’est une clause qui empêche le donataire d’aliéner le bien sans l’accord du donateur. Si le bénéficiaire viole l’interdiction d’aliénation, la nullité de l’acte peut être demandée, à moins que l’intérêt justifiant l’inaliénabilité n’ait disparu. Ces clauses doivent être limitées dans le temps et motivées par un intérêt sérieux et légitime.
Le choix du type d’imputation
Nous allons voir comment les donations peuvent être un outil pour atteindre vos objectifs de transmission : en garantissant l’équité entre vos enfants ou en choisissant d’en avantager un en particulier.
Donation en avancement de parts successorale
Les donations en avancement d’hoirie constituent une démarche préventive permettant aux parents de transmettre de leur vivant une partie de leur patrimoine à leurs enfants. Cette forme de donation sera imputée à la réserve héréditaire du bénéficiaire, assurant ainsi une équité entre eux au moment de la succession. Elle permet également de réduire les potentielles tensions familiales en clarifiant les intentions des donateurs bien avant leur disparition.
Donation hors part successorale
Les donations hors part successorale permettent aux parents de transmettre une partie de leur patrimoine à un ou plusieurs enfants de manière privilégiée, sans que cela ne soit imputé sur leur réserve. Cette approche favorise un enfant en particulier pour des raisons qui peuvent être liées à des besoins spécifiques, des réalisations personnelles ou simplement une volonté parentale d’apporter un soutien supplémentaire. Il est crucial, néanmoins, de respecter la part réservataire des autres enfants pour prévenir tout conflit successoral et ne pas être soumis à une action en réduction.
Éviter les pièges communs dans les donations aux enfants
La donation aux enfants, si elle est bien pensée et correctement mise en œuvre, peut être un excellent moyen de transmettre des biens et des valeurs familiales. La donation-partage constitue un pilier de la transmission familiale, permettant des avantages fiscaux certains.
Favoriser les donations-partages
Les donations-partages ne sont pas sujettes à être réintégrées dans la succession du donateur lors de la liquidation civile.
De plus, pour le calcul de la réserve héréditaire, les biens donnés sont évalués à la date de la donation-partage et non à celle du décès du donateur, conformément à l’article 1078 du Code civil. Cette règle d’évaluation à la date de la donation-partage s’applique à condition que tous les héritiers réservataires en vie ou représentés au moment du décès aient reçu et accepté leur part dans cette donation anticipée, sans qu’une réserve d’usufruit sur une somme d’argent soit prévue.
Cela permet en effet de figer la valeurs, et ainsi de ne pas créer de déséquilibre ultérieur : si l’on donne par exemple 100.000 euros à deux enfants, et que l’un d’eux s’en sert pour faire le tour du monde, et l’autre pour acheter un appartement, et bien au jour de la réévaluation, la donation faite pour l’un sera de 0 euros, et l’autre sera de la valeur de l’appartement qui aura sûrement pris de la valeur. La donation partage permet donc de fixer la valeur au jour de la donation pour éviter ces écueils.
Réintégrer au sein de donation-partage les donations antérieures
L’intégration de donations antérieures dans une donation-partage récente peut permettre d’ajuster les attributions entre les bénéficiaires, en tenant compte de nouveaux biens attribués. L’intégration s’avère judicieuse notamment si la donation-partage initiale n’a pas respecté les critères de l’article 1078 du Code civil, par exemple, en omettant un enfant ou un petit-enfant dans les donations-partages transgénérationnelles. Une donation-partage ultérieure, acceptée par tous les descendants, profitera ainsi de la sécurité juridique apportée par l’évaluation des biens à la date de l’acte pour déterminer la part réservataire. Les biens déjà donnés seront soumis au droit de partage, tandis que les biens nouveaux resteront soumis aux droits de mutation à titre gratuit.
Le changement de bénéficiaire d’un bien déjà donné est également possible, cette possibilité est reconnue, cependant pour pouvoir être imposable aux droits de mutation à titre gratuit, la donation devra avoir été faite y a moins de 15 ans.
Que retenir de cet article ?
Cet article a abordé les aspects essentiels et les stratégies optimales pour effectuer des donations aux enfants, en mettant l’accent sur la nécessité d’une planification minutieuse pour maximiser les avantages fiscaux et assurer l’équité entre les bénéficiaires.
Un notaire peut apporter une expertise précieuse dans la planification et la mise en œuvre de votre stratégie de donation, en veillant à ce que toutes les démarches respectent la législation en vigueur et en optimisant les avantages fiscaux.
Les donations aux enfants sont des actes empreints de générosité, reflétant l’amour et la volonté de soutenir ses proches. Au-delà des aspects techniques et fiscaux, ces gestes fortifient les liens familiaux et perpétuent les valeurs chères au donateur.
Vos questions et nos réponses
Pour vous aider à mieux comprendre les nuances des donations aux enfants, nous avons compilé une FAQ basée sur les points clés de notre article.
Une donation aux enfants est un acte juridique par lequel un parent transfère la propriété d’un bien (argent, immobilier) à ses enfants sans contrepartie. Les types principaux incluent les dons manuels, les donations simples et les donations-partages.
Les donations bénéficient d’abattements fiscaux significatifs, permettant de transmettre un patrimoine aux enfants avec peu ou pas de droits de donation à payer, dans le respect des limites et périodicités définies par la loi.
Les donations manuelles doivent être déclarées via un cerfa.
Les donations effectuées du vivant du donateur peuvent influencer les droits de succession en étant prises en compte dans le calcul de la réserve héréditaire et de la quotité disponible, modifiant ainsi la part revenant à chaque héritier.