Le droit d’asile est un principe juridique permettant d’accorder la protection et le refuge Ă des personnes qui fuient leur pays d’origine en raison de craintes bien fondĂ©es de persĂ©cution en raison de leur race, religion, nationalitĂ©, appartenance Ă un groupe social particulier, ou de leurs opinions politiques.
Le droit d’asile est considĂ©rĂ© comme un droit fondamental et universel. Il est consacrĂ© par des textes internationaux mais aussi en droit interne.
La procĂ©dure de reconnaissance du droit d’asile est attribuĂ©e Ă une entitĂ© administrative spĂ©cialisĂ©e, l’Office français de protection des rĂ©fugiĂ©s et des apatrides (OFPRA) mais Ă©galement Ă une juridiction spĂ©cialisĂ©e la cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Dans cet article, il sera proposĂ© une brĂšve prĂ©sentation des dispositions juridiques consacrant le droit d’asile, mais Ă©galement la procĂ©dure administrative et contentieuse pour obtenir ce droit.
 Nous explorerons en profondeur les droits et procĂ©dures essentiels pour tout demandeur d’asile en France. Avec la France comme l’un des principaux pays d’accueil en Europe, comprendre le processus d’asile, les rĂŽles de l’OFRA et de la CNDA, ainsi que les dĂ©lais et recours possibles, est crucial pour les demandeurs. Nous discuterons Ă©galement des protections alternatives disponibles et de la maniĂšre dont les versions rĂ©centes des codes juridiques français affectent votre demande. Cet article vise Ă Ă©claircir les complexitĂ©s du droit d’asile et Ă offrir un aperçu des Ă©tapes Ă suivre pour ceux qui cherchent refuge. En parcourant les diffĂ©rents aspects de la demande d’asile, de la dĂ©cision initiale jusqu’aux possibilitĂ©s de recours en cas de refus, nous fournirons les informations clĂ©s pour naviguer dans ce processus avec confiance.
La consĂ©cration dans lâordre juridique interne du droit dâasile
Le droit dâasile est un droit fondamental dâoctroyer lâasile aux personnes qui remplissent les critĂšres de la convention de GenĂšve de 1951 relative au statut des rĂ©fugiĂ©s. Toute personne qui fuit la guerre et les persĂ©cutions dans son pays a le droit dâintroduire une demande de protection.
LâUnion europĂ©enne a incorporĂ© les conditions Ă remplir pour pouvoir obtenir une protection internationale dans son ordre juridique propre, tout en Ă©largissant le concept en crĂ©ant une catĂ©gorie de bĂ©nĂ©ficiaires de la protection internationale autre que les rĂ©fugiĂ©s, Ă savoir les bĂ©nĂ©ficiaires du statut confĂ©rĂ© par la protection subsidiaire.
En France, ce droit a Ă©tĂ© consacrĂ© par la constitution de 1946, qui consacre le droit pour toute personne persĂ©cutĂ©e en raison de son action en faveur de la libertĂ©. Le conseil constitutionnel dĂ©duit de lâalinĂ©a 4 du prĂ©ambule une obligation pour les autoritĂ©s administratives et judiciaires pour procĂ©der Ă lâexamen de la situation de demandeurs dâasile qui relĂšvent de cet alinĂ©a.
Ce droit est codifié dans le CESEDA aux articles L.711-1 ET L.711-2.
LâOffice français de protection des rĂ©fugiĂ©s et apatrides (OFPRA), Ă©tablissement public dotĂ© de lâautonomie financiĂšre et administrative, se voit confier le soin de reconnaĂźtre la qualitĂ© de rĂ©fugiĂ© aux demandeurs dâasile. Une juridiction administrative spĂ©cialisĂ©e, la Cour nationale du droit dâasile (CNDA), est chargĂ©e, le cas Ă©chĂ©ant, de juger en appel les dĂ©cisions de lâOFPRA (avant 2008, il s’agissait de la Commission de recours des rĂ©fugiĂ©s).
Les conditions dâobtention
Des critĂšres cumulatifs liĂ©s Ă la crainte des persĂ©cutions sont donc exigĂ©s pour permettre lâoctroi du statut de rĂ©fugiĂ© Ă un candidat dâasile : les persĂ©cutions doivent ĂȘtre strictement personnelles, actuelles, rĂ©elles et atteindre un seuil de gravitĂ© suffisant.
La crainte de persécutions personnelles
Cette notion peut sâentendre largement au sens quâelle dĂ©passe lâindividu et englobe le noyau familial.
Des persécutions ou des craintes de persécutions actuelles et réelles
Il nâest pas imposĂ© au demandeur dâasile de faire Ă©tat dâune persĂ©cution effective, câest-Ă -dire rĂ©alisĂ©e. Pour cette raison, une personne qui bien que nâayant elle-mĂȘme jamais Ă©tĂ© persĂ©cutĂ©e, peut ĂȘtre admise au statut de rĂ©fugiĂ©e si elle Ă©tablit que des violences ont Ă©tĂ© infligĂ©es Ă plusieurs membres de sa famille (CE, 10 Juillet 1996, Ranamukage).
Le risque avĂ©rĂ© de persĂ©cutions peut ainsi suffire Ă octroyer lâasile, cependant il faut que le risque de persĂ©cution ne soit pas seulement potentiel mais rĂ©el et actuel au moment du dĂ©pĂŽt de la demande.
Des persĂ©cutions dâun certain degrĂ© de gravitĂ©
Le critĂšre de gravitĂ© peut ĂȘtre mis en exergue de plusieurs façons. A cet Ă©gard, la jurisprudence est dâune aide particuliĂšre pour comprendre le seuil dâadmission mĂȘme sâil est toujours apprĂ©ciĂ© in concreto :
â Lâatteinte avĂ©rĂ©e Ă lâintĂ©gritĂ© physique satisfait par essence aux exigences de la convention de GenĂšve, par exemple les actes de torture physiques.
â La privation de libertĂ© durable infligĂ©e en dehors de tout jugement constitue une persĂ©cution grave.
â A contrario, lâengagement dâune procĂ©dure judiciaire ne constitue pas systĂ©matiquement une persĂ©cution grave. Il faut dĂ©montrer le caractĂšre arbitraire, systĂ©matique, injustifiĂ©e de la procĂ©dure et qui entraine des consĂ©quences durables (ex : Commission de recours des rĂ©fugiĂ©s, 6 avril 2005, n°436054, Z).
Les clauses dâexclusions
Lâarticle 1 de la Convention de GenĂšve exclut de son champ dâapplication des personnes qui, mĂȘme en Ă©tablissant des persĂ©cutions, sont coupables dâun certain nombre de comportements jugĂ©s incompatibles avec le statut de rĂ©fugiĂ© (crime contre la paix de guerre, ou pour humanitĂ©).
Par exemple, un demandeur dâasile ancien officier de lâarmĂ©e burundaise, responsable de crime de guerre en 2001, ne peut se voir reconnaitre le statut de rĂ©fugiĂ© mĂȘme sâil est menacĂ© de persĂ©cutions graves du fait de son appartenance ethnique (CNDA, 28 janv 2020, M.N, N°18001989).
Le CESEDA a Ă©galement introduit une clause pour exclure le candidat dont la prĂ©sence constitue une menace grave pour la suretĂ© de lâEtat, ou condamnĂ©e en France pour un crime ou dĂ©lit constituant un acte de terrorisme puni de dix ans dâemprisonnement.
La protection subsidiaire
La loi du 10 dĂ©cembre 2003 a consacrĂ© une nouvelle forme de protection palliant l’impossibilitĂ© de confĂ©rer le statut de rĂ©fugiĂ© Ă une personne ne prĂ©sentant pas de persĂ©cutions strictement personnelles codifiĂ©e Ă l’article L.712-1 DU CESEDA.
La demande de protection subsidiaire est examinĂ©e dans l’hypothĂšse oĂč la reconnaissance du statut de rĂ©fugiĂ© est rejetĂ©e. La procĂ©dure de demande suit les mĂȘmes modalitĂ©s que la procĂ©dure d’asile prĂ©sentĂ©e ci-dessous. Le juge pourra alors confĂ©rer le statut de protection subsidiaire dans le cas d’un refus d’asile.
Quels sont les droits du demandeurs d’asile ?
â Le droit de rester en France pendant lâexamen de la demande. Une personne est munie dâune autorisation de sĂ©jour (appelĂ©e attestation de demande dâasile) dâune durĂ©e variable et qui lui permet dââĂȘtre en situation rĂ©guliĂšre et de circuler sur lâensemble du territoire mais non de franchir les frontiĂšres mĂȘme dans lâespace Schengen. Cette attestation peut ĂȘtre refusĂ©e ou retirĂ©e dans certaines situations en fonction de la procĂ©dure qui est appliquĂ©e
â Le droit Ă des conditions matĂ©rielles dâaccueil comprenant un hĂ©bergement, une allocation dâun montant calculĂ© selon le nombre de personnes composant la famille de la personne et lâabsence ou non dâhĂ©bergement gratuit. Ces conditions peuvent ĂȘtre refusĂ©es ou retirĂ©es dans certains cas.
â Le droit Ă une domiciliation, Ă une aide sociale et juridique pendant la procĂ©dure ;
â Le droit de bĂ©nĂ©ficier dâune assurance maladie mais seulement aprĂšs trois mois de rĂ©sidence en France ;
â Le droit de travailler si la personne nâa pas reçu de rĂ©ponse Ă sa demande dans un dĂ©lai de six mois aprĂšs son enregistrement et si elle est autorisĂ©e par le prĂ©fet. (Ce qui est rarement le cas). La personne peut aussi recevoir une formation professionnelle mais non de suivre des Ă©tudes universitaires ;
â Le droit de sâexprimer : Contrairement Ă une idĂ©e reçue, un demandeur dâasile peut librement sâexprimer, rejoindre une association ou un parti mais dans les limites prĂ©vues par la loi (pas dâincitation Ă la violence ou de tenir des propos haineux).
â La libertĂ© dâavoir une vie privĂ©e et familiale, par exemple de se marier (mĂȘme si son statut prĂ©caire complique les dĂ©marches) sauf sâil sâagit dâune union polygame
La procĂ©dure de droit dâasile
La procĂ©dure pour l’obtention du droit d’asile comporte une part administrative devant l’OFPRA, mais Ă©galement contentieuse en cas de refus devant la CNDA.
La procĂ©dure administrative du droit d’asile
Pour obtenir le droit d’asile en France, la personne doit dĂ©poser une demande d’asile auprĂšs de l’Office français de protection des rĂ©fugiĂ©s et apatrides (OFPRA). Cet organisme est compĂ©tent pour examiner les demandes de reconnaissance de statut de rĂ©fugiĂ© et les demandes de protection subsidiaire.
Avant chaque saisine de lâOFPRA, chaque demandeur dâasile doit se prĂ©senter en prĂ©fecture du lieu de rĂ©sidence pour voir ses empreintes enregistrĂ©es dans le fichier EURODAC.
La prĂ©fecture dĂ©livre le dossier Ă renvoyer dans les 21 jours contenant les informations relatives lâidentitĂ© du demandeur ainsi que le rĂ©cit complet de son histoire, ses craintes des persĂ©cutions, ainsi que toute preuve de nature Ă corroborer ses propos.
La demande peut ĂȘtre soumise Ă la frontiĂšre ou sur le territoire français, mais il est prĂ©fĂ©rable de la faire dĂšs que possible aprĂšs l’arrivĂ©e en France.
Une fois la demande d’asile dĂ©posĂ©e, l’OFPRA convoquera le demandeur pour un entretien au cours duquel il devra expliquer les raisons pour lesquelles il craint la persĂ©cution dans son pays d’origine. Le demandeur peut sâil le souhaite ĂȘtre accompagnĂ© dâun avocat ou dâun reprĂ©sentant dâune association spĂ©cialisĂ©. L’OFPRA examinera ensuite les Ă©lĂ©ments de preuve fournis par le demandeur pour Ă©valuer sa demande.
L’OFPRA rendra une dĂ©cision concernant la demande d’asile. Si la demande est acceptĂ©e, le demandeur obtiendra le statut de rĂ©fugiĂ© en France. Lâoctroi de ce statut donne droit Ă une carte de dix ans.
La procĂ©dure contentieuse du droit d’asile
Si elle est rejetĂ©e, le demandeur peut former un recours de la dĂ©cision devant la Commission nationale de l’asile (CNDA). Toute dĂ©cision prise par le directeur gĂ©nĂ©ral de lâOFPRA peut faire lâobjet dâun recours devant la Cour nationale du droit dâasile.
En cas de rejet par l’OFPRA, le demandeur a la possibilitĂ© de faire appel devant la CNDA, qui est une juridiction spĂ©cialisĂ© chargĂ©e de rĂ©examiner la dĂ©cision de l’OFPRA.
Le recours contre une dĂ©cision du directeur gĂ©nĂ©ral de lâOFPRA doit ĂȘtre exercĂ© dans un dĂ©lai d’un mois à compter de la date de la notification de cette dĂ©cision.Le CNDA peut dĂ©cider dâoctroyer le statut de rĂ©fugiĂ© ou rejeter la demande. Le demandeur dâasile est alors dĂ©boutĂ©.
Un pouvoir en cassation devant le Conseil dâEtat, dans les deux mois de la notification de la dĂ©cision de la CNDA est recevable.
Que retenir sur le droit d’asile ?Â
Le droit d’asile est une protection accordĂ©e par un Ătat Ă des individus qui fuient leur pays d’origine en raison de persĂ©cutions ou de craintes fondĂ©es de persĂ©cution. Ces persĂ©cutions peuvent ĂȘtre liĂ©es Ă la race, la religion, la nationalitĂ©, l’appartenance Ă un certain groupe social, ou les opinions politiques de l’individu. Pour bĂ©nĂ©ficier de cette protection, le demandeur doit prouver qu’il ne peut ou ne veut se rĂ©clamer de la protection de son pays d’origine Ă cause de ces persĂ©cutions.
En France, la procĂ©dure de demande d’asile implique que le demandeur se trouve sur le sol français pour pouvoir dĂ©poser sa demande auprĂšs d’une prĂ©fecture, qui lui dĂ©livrera un document attestant de son statut de demandeur d’asile. Cette dĂ©marche initie l’examen de la demande par l’Office Français de Protection des RĂ©fugiĂ©s et Apatrides (OFPRA) et, en cas de recours, par la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA).
La demande dâasile devient une des seules voies dâentrĂ©e en France, dâautant plus attractive que, dans le mĂȘme temps, les droits sociaux reconnus aux rĂ©fugiĂ©s et demandeurs dâasile sont plus nombreux. Les rĂ©fugiĂ©s statutaires bĂ©nĂ©ficient de prestations familiales et de lâallocation logement, du droit au minimum vieillesse et Ă lâallocation adultes handicapĂ©s.Â
La loi « asile et immigration » du 10 septembre 2018 introduit plusieurs dispositions relatives aux droits des demandeurs d’asile en France, notamment la possibilitĂ© d’engager une action en paiement en cas de non-versement des allocations auxquelles ils ont droit durant l’examen de leur demandeââ.
Ce rĂ©sumĂ© met en Ă©vidence le cadre lĂ©gislatif et procĂ©dural qui rĂ©git le droit d’asile en France, soulignant l’importance de la protection offerte aux individus confrontĂ©s Ă des situations de persĂ©cution dans leur pays d’origine.
Afin dâobtenir des informations supplĂ©mentaires sur le droit d’asile, prenez contact avec un avocat via notre plateforme. Les rĂ©fĂ©rences lĂ©gales sont Ă jour au moment de la publication, pour votre cas personnel, pensez Ă consulter un avocat expert.Â
FAQ sur le droit d’asile
Dans cette FAQ, vous pouvez trouver les questions les plus frĂ©quemment posĂ©es sur le droit d’asile.
Le droit d’asile est une protection accordĂ©e par un pays Ă des personnes qui fuient leur pays d’origine pour des raisons de persĂ©cution, de conflits, de violence ou d’autres circonstances qui mettent gravement en danger leur vie, leur libertĂ© ou leur sĂ©curitĂ©.
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Pour demander l’asile en France, vous devez vous trouver sur le territoire français et vous adresser Ă une prĂ©fecture pour dĂ©poser votre demande. Vous recevrez alors un formulaire Ă remplir et des instructions sur les prochaines Ă©tapes du processusââ.
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Toute personne craignant avec raison d’ĂȘtre persĂ©cutĂ©e du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalitĂ©, de son appartenance Ă un certain groupe social ou de ses opinions politiques peut demander l’asileââ.
Les demandeurs d’asile en France ont le droit de rĂ©sider dans la rĂ©gion dĂ©signĂ©e par l’OFII durant l’examen de leur demande. Ils ont Ă©galement accĂšs Ă certains services sociaux et peuvent demander une autorisation de travail sous conditionsââ.
Une fois votre demande dĂ©posĂ©e, vous serez convoquĂ© pour un entretien individuel oĂč vous devrez expliquer les raisons de votre demande. Votre cas sera ensuite examinĂ© par l’OFPRA ou la CNDA, qui dĂ©cidera de vous accorder ou non le statut de rĂ©fugiĂ©ââ.
Votre demande d’asile peut aboutir Ă trois rĂ©sultats principaux : l’octroi du statut de rĂ©fugiĂ©, la protection subsidiaire, ou le rejet de votre demande. En cas de rejet, vous avez le droit de faire appel devant la CNDAââ.
Oui, sous certaines conditions, les demandeurs d’asile peuvent demander une autorisation de travail en France s’ils n’ont pas reçu de dĂ©cision sur leur demande dans les 6 mois suivant leur dĂ©pĂŽt.