Vos droits en cas de licenciement pour invalidité

Votre employeur peut-il vous licencier si un médecin vous déclare inapte à tout poste ?

Être salarié en situation d’invalidité ou reconnu inapte par un médecin du travail bouleverse inévitablement la relation de travail. Si l’employeur décide d’un licenciement pour inaptitude, il ne peut agir sans respecter une procédure stricte encadrée par le droit.

La loi impose notamment une obligation de reclassement, et prévoit des indemnités dont le montant dépend de l’origine de la maladie ou de l’invalidité (professionnelle ou non).

Sommaire

Comprendre l'invalidité et son impact sur le contrat de travail

Avant d’envisager un licenciement pour invalidité, il est essentiel de comprendre les notions fondamentales qui s’articulent autour de la santé du salarié.

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Distinction entre invalidité, inaptitude et incapacité de travail

Les notions d’invalidité, d’inaptitude et d’incapacité de travail sont parfois confondues, alors qu’elles relèvent de régimes juridiques distincts.

  • L’invalidité est une notion de sécurité sociale, régie par le Code de la sécurité sociale (notamment article L341-1), et qualifie une réduction durable de la capacité de travail ou de gain d’un salarié à la suite d’un accident ou d’une maladie. L’invalidité est classée en trois catégories (1 à 3), selon le degré de perte de capacité.
  • L’inaptitude médicale, quant à elle, relève du droit du travail. Elle est constatée par le médecin du travail, lorsqu’il estime que le salarié n’est plus apte, même avec aménagement, à occuper son poste dans l’entreprise. C’est cette inaptitude qui peut justifier un licenciement si aucun reclassement n’est possible.
  • Enfin, l’incapacité temporaire de travail correspond à l’incapacité à exercer son activité pendant une période définie, généralement liée à un arrêt maladie. Elle est souvent préliminaire à une potentielle invalidité ou inaptitude.
Bon à savoir

Deux acteurs médicaux clés interviennent dans les situations d’invalidité et d’inaptitude :

  • Le médecin conseil est chargé d’évaluer, au titre de la sécurité sociale, si l’état de santé d’un assuré justifie une reconnaissance d’invalidité. En fonction du taux d’incapacité, il peut classer l’assuré dans une catégorie d’invalidité (1, 2 ou 3) et déclencher le versement d’une pension d’invalidité.
  • Le médecin du travail, lui, agit dans le cadre de l’entreprise. C’est à lui qu’il revient d’évaluer si le salarié est apte ou inapte à son poste de travail, en tenant compte de ses conditions réelles d’exercice.

Conséquences de l’invalidité sur le contrat et la santé du salarié

La reconnaissance d’une invalidité a des effets directs et indirects sur le contrat de travail du salarié.

Contrairement à une idée reçue, l’invalidité ne met pas automatiquement fin au contrat. Le salarié peut continuer à travailler, notamment en invalidité catégorie 1, s’il est en capacité d’exercer une activité adaptée.

Cependant, en pratique, de nombreux salariés invalides font face à des restrictions médicales qui rendent le maintien dans l’entreprise difficile. L’employeur doit alors organiser une visite médicale de reprise, à l’issue d’un arrêt de travail prolongé, pour permettre au médecin du travail d’évaluer l’aptitude au poste.

Si l’invalidité conduit à une inaptitude déclarée, l’employeur est alors tenu de rechercher un poste de reclassement compatible avec l’état de santé du salarié. Si cette recherche échoue, un licenciement pour inaptitude peut être envisagé.

L’obligation de reclassement avant le licenciement pour invalidité

Avant de prononcer un licenciement pour inaptitude, l’employeur est tenu, sauf exception, de rechercher un reclassement professionnel pour le salarié déclaré inapte à son poste par le médecin du travail.

L’article L1226-2 du Code du travail impose à l’employeur, en cas d’inaptitude non professionnelle, de tenter un reclassement du salarié dans l’entreprise ou, le cas échéant, dans le groupe auquel elle appartient. Cette obligation existe également en cas d’inaptitude d’origine professionnelle, conformément à l’article L1226-10 du même code.

La recherche doit porter sur tous les postes disponibles, compatibles avec les capacités résiduelles du salarié, et tenir compte des préconisations du médecin du travail. L’employeur ne peut pas se contenter d’une recherche de façade. Il doit démontrer avoir exploré les possibilités de reclassement de manière active, documentée et loyale.

Procédure de licenciement pour invalidité

Lorsqu’un salarié est déclaré inapte par le médecin du travail, à la suite d’une situation d’invalidité, et qu’aucun reclassement n’est possible, l’employeur peut engager une procédure de licenciement pour inaptitude.

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Consultation du CSE et communication de l’avis médical

Avant de notifier un licenciement fondé sur l’inaptitude médicale d’un salarié, l’employeur doit consulter le Comité social et économique (CSE), s’il en existe un dans l’entreprise. 

Le CSE doit être informé des circonstances de l’inaptitude, des tentatives de reclassement effectuées, des préconisations du médecin du travail, ainsi que de l’intention de l’employeur de procéder au licenciement. Cette consultation vise à garantir la transparence de la procédure et à protéger les droits du salarié, notamment si ce dernier est représentant du personnel ou bénéficie d’une protection particulière.

Conseil

En parallèle, l’employeur doit conserver dans le dossier du salarié une copie de l’avis médical d’inaptitude, rendu par le médecin du travail, qui précise les éléments médicaux justifiant l’inaptitude et, le cas échéant, la mention d’une impossibilité de reclassement immédiate.

Etapes clés de la procédure suivie par l’employeur

Une fois l’inaptitude médicale établie, et la consultation du CSE effectuée (si applicable), l’employeur doit suivre une procédure en trois étapes, sous peine de nullité du licenciement :

  • Convocation à un entretien préalable : L’employeur doit convoquer le salarié à un entretien préalable au licenciement, en respectant un délai de 5 jours ouvrables entre la présentation de la lettre et l’entretien, comme pour tout licenciement personnel.
  • Entretien préalable : Lors de cet échange, l’employeur doit exposer les motifs du projet de licenciement, et notamment l’impossibilité de reclassement tenant compte de l’état de santé du salarié, des démarches effectuées, ainsi que de la nature de l’invalidité.
  • Notification du licenciement : Après l’entretien, si la décision est confirmée, l’employeur adresse une lettre de licenciement, qui doit mentionner :
  • l’inaptitude constatée par le médecin du travail ;
  • l’impossibilité de reclassement, avec le rappel des démarches réalisées ;
  • la date de rupture du contrat ;
  • le montant des indemnités éventuellement dues (licenciement, préavis non exécuté, congés payés).

Le tout doit être réalisé dans un délai raisonnable, généralement dans les 15 jours suivant l’avis médical. Une procédure trop tardive ou précipitée pourrait être contestée par le salarié pour abus ou manquement aux règles.

Indemnités et droits du salarié licencié pour invalidité

Le licenciement pour inaptitude lié à une invalidité ouvre droit à différentes indemnités, qui varient selon l’origine de l’inaptitude et notamment :

  • Le montant de l’indemnité de licenciement dépend de l’origine de l’inaptitude constatée par le médecin du travail, professionnelle ou non professionnelle.
  • Le salarié peut prétendre à l’indemnité compensatrice de congés payés, mais pas de préavis, puisque le salarié est inapte à l’exécuter (sauf stipulation contraire du contrat ou si l’inaptitude ne fait pas obstacle au préavis dans le cas de certaines invalidités).
  • une rente versée par la CPAM, en cas d’incapacité permanente partielle (IPP), évaluée par un médecin conseil ;
  • une indemnité complémentaire prévue par la convention collective ou par l’accord d’entreprise, dans certains cas ;
À noter

Le salarié licencié pour inaptitude médicale peut percevoir l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), gérée par France Travail (ex-Pôle emploi), à condition de remplir les conditions classiques d’ouverture de droits :

Le salarié doit signaler son statut d’invalidité à France Travail lors de l’actualisation mensuelle. En cas de doute, il est conseillé de demander un entretien personnalisé avec un conseiller référent handicap ou santé.

Que retenir de cet article ?

Le licenciement pour invalidité repose sur une procédure juridique stricte, encadrée par le Code du travail et le Code de la sécurité sociale, destinée à protéger les droits du salarié fragilisé par une inaptitude médicale.

Il ne peut intervenir qu’après un avis d’inaptitude du médecin du travail, une recherche sérieuse de reclassement, et le respect d’une procédure formalisée. L’employeur doit consulter le CSE, organiser un entretien préalable et motiver la rupture dans une lettre de licenciement conforme.

Le salarié bénéficie d’indemnités dont le montant varie selon l’origine professionnelle ou non de l’inaptitude, et conserve des droits au chômage sous certaines conditions.

Comprendre les règles du licenciement pour invalidité, c’est se donner les moyens de ne pas subir, de faire valoir ses droits, et de préparer l’après avec confiance. Cette réalité touche de nombreux travailleurs : prenons le temps d’en parler, de s’informer, et surtout, de ne pas rester seul face à l’épreuve.

Un avocat spécialisé en droit du travail sera le professionnel adéquat pour vous accompagner.

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