L’inaptitude au travail est une situation souvent complexe tant pour les salariĂ©s que pour les employeurs.
Elle survient lorsque le salariĂ© se trouve dans l’incapacitĂ© d’exercer ses fonctions habituelles en raison de problĂšmes de santĂ© ou de conditions de travail incompatibles. Cette situation nĂ©cessite une prise en charge adĂ©quate et le respect des droits et obligations des deux parties impliquĂ©es.
Comprendre les démarches à suivre, les droits à faire valoir et les solutions disponibles est essentiel pour naviguer efficacement à travers cette situation.
Procédure de constatation de l'inaptitude
L'inaptitude, qu'elle soit professionnelle ou non professionnelle, doit ĂȘtre constatĂ©e par le mĂ©decin du travail Ă l'issue d'une visite mĂ©dicale.
RÎle du médecin du travail
Le mĂ©decin du travail joue un rĂŽle central dans la constatation de l’inaptitude au travail.
En effet, il est chargĂ© de veiller Ă la santĂ© des salariĂ©s au travail et de prĂ©venir les risques professionnels et est donc habilitĂ© Ă effectuer des examens mĂ©dicaux pour Ă©valuer l’aptitude du salariĂ© Ă son poste et Ă Ă©mettre un avis mĂ©dical en cas d’inaptitude.
Il pourra prononcer un avis dâinaptitude au travail à lâoccasion de toutes les visites dont bĂ©nĂ©ficie le salariĂ© :
- Lors dâune visite obligatoire de suivi ;
- A lâoccasion dâune visite de reprise du travail ;
- Ou Ă tout moment si lâĂ©tat de santĂ© du salariĂ© le justifie, par exemple lors dâune visite Ă la demande.
Visite médicale et évaluation de l'inaptitude
Lors de la visite mĂ©dicale, le mĂ©decin du travail procĂšde Ă une évaluation approfondie de l’aptitude du salariĂ© Ă son poste (tests mĂ©dicaux, entretiens, etc).
Avant de reconnaĂźtre lâinaptitude mĂ©dicale au travail dâun salariĂ©, il est tenu de respecter certaines obligations, notamment il ne peut constater lâinaptitude du salariĂ© Ă son poste que :
- Sâil a rĂ©alisĂ© au moins un examen mĂ©dical de lâintĂ©ressĂ©, accompagnĂ©, le cas Ă©chĂ©ant, des examens complĂ©mentaires, permettant un Ă©change sur les mesures dâamĂ©nagement, dâadaptation ou de mutation de poste ou la nĂ©cessitĂ© de proposer un changement de poste ;
- Sâil a rĂ©alisĂ© ou fait rĂ©aliser une Ă©tude de ce poste ;
- Sâil a rĂ©alisĂ© ou fait rĂ©aliser une Ă©tude des conditions de travail dans lâĂ©tablissement et indiquĂ© la date Ă laquelle la fiche dâentreprise a Ă©tĂ© actualisĂ©e ;
- Sâil a procĂ©dĂ© Ă un Ă©change, par tout moyen, avec lâemployeur.
Formalités administratives et avis d'inaptitude
En cas de constatation d’inaptitude, le mĂ©decin du travail Ă©met un avis d’inaptitude qui doit ĂȘtre Ă©clairĂ© par des conclusions Ă©crites, assorties dâindications relatives au reclassement du salariĂ©.
L’avis peut ĂȘtre contestĂ© devant le conseil des prud’hommes dans un dĂ©lai de 15 jours Ă compter de la notification. Cet avis est transmis Ă l’employeur et au salariĂ©, et marque le dĂ©but de la procĂ©dure de reclassement professionnel.
Le médecin peut signaler :
- Que tout maintien du salariĂ© dans lâemploi serait gravement prĂ©judiciable Ă sa santĂ© ;
- Ou que lâĂ©tat de santĂ© du salariĂ© fait obstacle au reclassement dans un emploi.
Mesures de reclassement et licenciement
Lorsque le salariĂ© est dĂ©clarĂ© inapte Ă rĂ©pondre son emploi par le mĂ©decin du travail, lâemployeur doit lui proposer un autre emploi appropriĂ© Ă ses capacitĂ©s.
Obligations de l'employeur en matiĂšre de reclassement
L’employeur a l’obligation lĂ©gale de rechercher des solutions de reclassement pour un salariĂ© dĂ©clarĂ© inapte Ă son poste. Il doit donc explorer toutes les possibilitĂ©s de reclassement interne ou externe, en concertation avec le salariĂ© et les reprĂ©sentants du personnel.
Les propositions de reclassement du salariĂ© inapte doivent sâeffectuer :
- Au sein de lâentreprise ;
- Ou dans des entreprises du groupe auquel elle appartient, situées sur le territoire national.
Lâemploi proposĂ© doit :
- Etre autant comparable que possible Ă lâemploi prĂ©cĂ©demment occupĂ© ;
- Faire lâobjet dâamĂ©nagements si nĂ©cessaire : adaptation ou transformation de poste existant ou amĂ©nagement du temps de travail.
Il y a dispense de l’obligation de reclassement lorsque le mĂ©decin du travail a expressĂ©ment mentionnĂ© sur lâavis dâinaptitude mĂ©dicale que tout maintien du salariĂ© dans un emploi serait gravement prĂ©judiciable à sa santĂ© ou que son Ă©tat de santĂ© fait obstacle Ă tout reclassement dans un emploi.
Licenciement pour inaptitude : démarches et droits du salarié
En cas d’impossibilitĂ© de reclassement, l’employeur peut ĂȘtre amenĂ© Ă procĂ©der au licenciement du salariĂ© pour inaptitude et doit alors informer par Ă©crit le salariĂ© des motifs de son non-reclassement. Il peut aussi rompre le contrat de travail :
- Si le salariĂ© a refusĂ© lâemploi proposĂ© ;
- Si dans son avis, le médecin du travail a mentionné que tout maintien dans un emploi serait gravement préjudiciable à la santé du salarié ou que son état de santé fait obstacle à tout reclassement.
Cette dĂ©cision doit respecter une procĂ©dure spĂ©cifique et garantir les droits du salariĂ©. Celui-ci peut notamment bĂ©nĂ©ficier d’un prĂ©avis, d’une indemnitĂ© de licenciement et d’une prioritĂ© de rĂ©embauchage, selon les dispositions lĂ©gales en vigueur.
Indemnités et aides financiÚres disponibles
Le licenciement pour inaptitude peut entraĂźner des consĂ©quences financiĂšres pour le salariĂ©, notamment en termes d’indemnitĂ©s de licenciement et de chĂŽmage.
Les indemnités diffÚrent selon que :
- L’inaptitude soit d’origine non professionnelle, le salariĂ© aura alors droit :
- Au versement de lâindemnitĂ© lĂ©gale de licenciement ;
- Ou, si elle est plus favorable, Ă lâindemnitĂ© conventionnelle Ă laquelle il peut Ă©ventuellement prĂ©tendre ;
à une indemnité compensatrice pour les congés payés acquis mais non pris à la date de la rupture du contrat.
- L’inaptitude soit d’origine professionnelle, le salariĂ© aura alors droit :
- A une indemnité compensatrice pour le préavis non exécuté ;
- A une indemnitĂ© spĂ©ciale de licenciement qui, sauf dispositions conventionnelles plus favorables, est Ă©gale au double de l’indemnitĂ© lĂ©gale de licenciement,
- A une indemnité compensatrice pour les congés payés acquis mais non pris à la date de la rupture du contrat ;
- A lâindemnitĂ© temporaire dâinaptitude pendant une pĂ©riode dâun mois maximum jusquâau reclassement ou au licenciement
Que retenir de cet article ?
Les consĂ©quences de l’inaptitude au travail peuvent ĂȘtre importantes pour toutes les parties concernĂ©es.
- Pour le salariĂ©, cela peut entraĂźner une perte d’emploi et des difficultĂ©s financiĂšres, notamment en termes d’indemnitĂ©s de licenciement.
- Pour l’employeur, cela peut impliquer des obligations lĂ©gales en matiĂšre de reclassement et des risques de contentieux juridique en cas de non-respect de ces obligations.
La comprĂ©hension des procĂ©dures et des droits liĂ©s Ă l’inaptitude est essentielle pour assurer une transition professionnelle aussi fluide que possible et pour garantir le respect des droits de chacun.
Employeur ou salarié, un avocat spécialisé en droit du travail pourra vous accompagner au mieux dans cette procédure.
F.A.Q
Nous rĂ©pondons Ă vos questions les plus frĂ©quentes sur l’inaptitude au travail.Â
L’inaptitude au travail dĂ©signe l’incapacitĂ© d’un salariĂ© Ă exercer ses fonctions en raison de problĂšmes de santĂ©. Cela peut rĂ©sulter d’une maladie ou d’un accident, professionnel ou non.
En cas d’inaptitude, le salariĂ© a le droit d’ĂȘtre reclassĂ© dans un poste compatible avec son Ă©tat de santĂ©. S’il ne peut ĂȘtre reclassĂ©, il a droit Ă des indemnitĂ©s de licenciement et Ă une assistance dans sa recherche d’emploi.
L’employeur est tenu de rechercher des solutions de reclassement pour le salariĂ© inapte, en concertation avec celui-ci et les reprĂ©sentants du personnel. Si nĂ©cessaire, il doit Ă©galement respecter la procĂ©dure lĂ©gale de licenciement pour inaptitude, en garantissant les droits du salariĂ©.
L’inaptitude au travail est constatĂ©e par le mĂ©decin du travail Ă l’issue d’une visite mĂ©dicale. Celui-ci Ă©met un avis d’inaptitude, qui marque le dĂ©but de la procĂ©dure de reclassement ou de licenciement.
La procĂ©dure de constatation de l’inaptitude comprend gĂ©nĂ©ralement une visite mĂ©dicale, des examens complĂ©mentaires si nĂ©cessaire, la dĂ©livrance d’un avis d’inaptitude par le mĂ©decin du travail, et la mise en place des mesures de reclassement ou de licenciement.










